ENQUETE PUBLIQUE : MODERNISATION ET EXTENSION DE LA STATION DEPURATION DE LA « CEREIREDE » CREATION DUN EMISSAIRE DE REJET EN MER: M. Pelorce écrit aux commissaires enquêteurs
Mr Jacques PELORCE Ingénieur ETP Expert en Hydraulique Correspondant du M.N.H.N. de Paris 289 VOIE LES MAGNOLIAS 30240 LE GRAU DU ROI Tél Fax : 04 66 53 24 51 Mrs Les Commissaires Enquêteurs Mairie de Palavas Le Grau du Roi le 22 Janvier 2005 ENQUETE PUBLIQUE : MODERNISATION ET EXTENSION DE LA STATION DEPURATION DE LA « CEREIREDE » CREATION DUN EMISSAIRE DE REJET EN MER Messieurs, Vous trouverez ci-dessous mes observations sur le dossier denquête publique ci-dessus. I Observations sur la forme. I.1 Composition de la Commission denquête : Je suis surpris que Monsieur Llamas soit le Président de la Commission dEnquête. Monsieur Llamas a participé à la précédente enquête en 1999 sur lémissaire de rejet en mer de la station de la Céreirede, à ce titre il a signé un rapport, qui figure dailleurs au présent dossier, ou il exprime son total accord sur ce projet. Dans le guide du Commissaire Enquêteur de Monsieur René BOURNY édité par la Compagnie Nationale des Commissaires Enquêteurs 43, rue Georges Clémenceau 25200 Montbeliard, il est mentionné : - page 32 : « c) Problèmes dincompatibilités Certaines personnes ne peuvent être désignées comme commissaire enquêteur. Il sagit des personnes
dont limpartialité peut être suspectée
. Elle vaut aussi pour une personne ayant exprimée publiquement sa position à légard du projet ». - page 87 Article 9 « Ne peuvent être désignées pour exercer les fonctions de commissaires enquêteurs les personnes intéressées à lopération soit à titre personnel, soit en raison des fonctions quelles exercent ou ont exercées depuis moins de cinq ans » - page 151 Fiche thématique de la C.N.C.E. « Problèmes dincompatibilité
. Il est en effet essentiel que le commissaire enquêteur ne puisse pas être soupçonné dêtre partial,
La pratique permet dévoquer des cas où le commissaire enquêteur devrait refuser dêtre désigné
.. * position exprimée publiquement à légard du projet, notamment au sein dune assemblée ou dune commission ». Je ne pense pas que Monsieur Llamas puisse être suspecté aujourdhui dimpartialité, mais je le vois mal se déjuger et émettre un avis différent sur le même dossier à six ans dintervalle. I.2 Liste des articles visés au titre de la nomenclature de la Loi sur leau. La liste fournie dans le dossier denquête ne me semble pas complète : Les résultats espérés de la station sont en moyenne en sortie : DBO5 21 mg/l, DCO 66 mg/l, MES 20 mg/l. Le débit moyen de la station étant de 113 300 m3/J nous avons un rejet de 2 379,3 Kg de DBO5, 7 477,8 kg de DCO et 2 266 Kg de MES. Nous ne connaissons pas les quantités des autres polluants (Azote total, Phosphore,
) qui doivent être comparées aux divers seuils indiqués dans la nomenclature article 3.2.0.2.. Il me semble que larticle 3.2.0.2°) doit être visé par la demande du Maître douvrage en Partie I E.2 Rubriques et Classement. I.3 Absence danalyse des effluents en entrée de station et rejet en mer. Sagissant dune enquête publique concernant une station dépuration et de la création dun émissaire en mer, il est curieux que lon ne trouve nulle part dans le dossier les analyses complètes physico-chimiques et bactériologiques des effluents entrant dans la station et ceux qui vont être rejetés en mer. En particulier comment peut-on donner une autorisation de rejet sans connaître les quantités de Matières inhibitrices (MI), dAzote total (N.), de Phosphore total (P.) des Composés organohalogénés absorbables sur charbon actif (A.O.X.), des métaux et métalloides (Metox), des hydrocarbures, ces agents étant spécifiquement visés par la nomenclature des opérations soumises à autorisation. Dans le cas présent et dans létat des connaissances actuelles, dautres éléments auraient pu être recherchés : Vitamine B12, thiamine, biotine, phytohormones, acides humiques et fulviques ou autres molécules à pouvoirs complexants. (voir Les Biocénoses marines et littorales de Méditerranée, synthèse, menaces et perspectives par D. Bellan-Santini J.-C. Lacaze C. Poizat P. 35). Ces molécules étant suspectes, le principe de précaution devrait leur être appliqué, si lon ne sait pas comment les enlever aujourdhui que lon sache au moins combien on en rejette dans le milieu naturel. I.4 Présence despèces animales protégées. Conformément à larrêté du Ministère de lEnvironnement du 26 Novembre 1992 fixant la liste des animaux de la faune marine protégés sur lensemble du territoire, le bivalve Lithophaga lithophaga (Linné, 1758), datte de mer, est protégé. Il figure sur la liste de CREOCEAN sans quaucune mesure particulière ne soit prise à son égard. Dautres espèces de cet arrêté et de celles figurant sur la Convention de Berne ont été trouvées dans le Golfe dAigues Mortes, absolument rien ne figure à ce sujet dans le dossier. Vous trouverez la copie de cet arrêté ainsi que la copie dun article paru dans Midi-Libre le 25 Janvier 2005 annexe à la présente lettre. I.5 Longueur de la canalisation de rejet. Dans tous les documents il est fait état dune conduite de 11 km, or le plan de la canalisation qui a été posée fait état de 10,807 km, dans cette longueur est comptée le diffuseur qui mesure 456 m et une partie terrestre entre le Pont du Prévot et la plage pour environ 150 m. La distance réelle du centre de diffusion par rapport à la plage est donc de 10,429 km et non 11,000 ce qui représente quen même une longueur de prés de 600 mètres en moins ! I.6 Etudes IFREMER-BCEOM-IARE Nous nen savons pas plus sur les études IFREMER-BCEOM-IARE que lors de la première enquête publique, à savoir rien dautre que ce que veut bien nous en dire le Maître dOuvrage puisque ces études ne sont pas jointes au dossier denquête publique alors quà de nombreux endroits il est fait référence à ces études, à leurs conclusions et à leurs coûts. I.7 Coût des travaux. Quels sont les bons chiffres ? - Chapitre G.7.4. Comparatif financier du choix : rejet dans le Lez 99,1 M, 10 M de fonctionnement annuel, émissaire en mer 112,8 M fonctionnement annuel 6,2 M d - Partie I E4 Appréciation sommaire dépenses : Station plus émissaire en mer 156,3 M Dans le deuxième cas la différence entre les deux solutions est de 57,2 M et il faudra plus de 20 ans pour arriver à compenser la différence dinvestissement initial par les coûts dexploitation. Il est à noter que lAgence de leau dans son avis avait souligné le carctère élevé du chiffrage (« le coût estimatif de la station (260 MF + 40 MF) peut apparaître élevé
) Cette question est importante car elle supprime largument financier en faveur de la solution rejet en mer. 1.8 Réponses de la Commission denquête publique. A la lecture du rapport de la précédente enquête publique jointe au présent dossier je me suis rendu compte quune partie des questions que javais posé lors de lenquête précédente navait pas été reprise dans le rapport cest pourquoi vous trouverez en annexe une copie de ces courriers auxquels il conviendra de répondre à moins quune nouvelle fois vous jugiez ces questions hors sujet de lenquête publique. 1.9 Avis des Institutions. Etude dImpact Chapitre G.7.4. - Avis du Conseil Supérieur dHygiène Publique de France Juillet 1994 : Cet avis est un avis uniquement sanitaire il ny a aucune indication dordre environnemental et encore moins davis sur le non traitement des Nitrates et du Phosphore. - Avis du Conseil Départemental dHygiène Juillet 1999 : cet avis émis, sur rapport du SMNLR, après la première enquête publique est assez singulier pour ne pas dire plus. En effet il a été donné à posteriori, il reprend pratiquement mot pour mot les justifications du Maître dOuvrage pour ne pas traiter les Nitrates et le Phosphore et donne un avis sur la protection de lenvironnement qui semble à la limite de ses prérogatives. - Avis du Conseil Supérieur dHygiène Publique de France Octobre 1999 : Cet avis est un avis uniquement sanitaire il ny a aucune indication dordre environnemental et encore moins davis sur le non traitement des Nitrates et du Phosphore. - Mission dInspection Spécialisée de lEnvironnement Avril 1997 : ce rapport dit « Le milieu marin enfin, nécessite dêtre pris en compte avec le même souci de préservation. A son sujet, la Mission estime que largument doligotrophie invoqué pour présenter comme « bénéfique », en termes de réensemencement par des matières nutritives, linfluence du rejet en mer, doit être manié avec précaution. En effet, si ce devait être vrai, cela résulterait de considérations dordre naturel que rien nautorise à percevoir comme devant être corrigées, la nature orientant delle-même les états des différents milieux quelle façonne
.. Sil nest pas concevable denvisager la suppression de tout rejet en mer, il faut néanmoins éviter toute démarche discriminatoire par rapport aux différents milieux affectés : étangs, fleuve, plages, mer. La stratégie dassainissement à conduire doit donc les prendre tous en considération. » Il semble que le feu vert de la Mission diligentée par Madame Corinne LEPAGE ne soit pas aussi vert que ça, il semble plutôt orange voire rouge pour le rejet en mer de milliers de tonnes de Nitrates et de Phosphore. 1.10 Incidences sur la Commune du Grau du Roi Les analyses des peuplements benthiques montrent une accumulation des déchets à lEst du Golfe devant La Grande Motte et le Grau du Roi. La présence massive de carnivores-nécrophages montre quil sagit dune zone de décantation où saccumulent matières organiques et cadavres dorganismes marins. Les courants littoraux orientés Ouest-Est sont à lorigine de cette accumulation. Après la construction de lémissaire ils transporteront en plus les matières nutritives et autres polluants provenant des eaux usées. Cest donc dans ce secteur où les risques deutrophisation sont les plus importants, il est regrettable quaucune analyse de sédiment nait eu lieu dans ce secteur pour voir quel était le potentiel redox et donc la disponibilité en oxygène. Voir étude CREOCEAN, 2001 Impact des récifs artificiels sur le milieu marin et la pêche professionnelle page 16 Les cartes incluses dans le dossier denquête représentant le pourcentage de carbone organique et de matières calcinables (annexe 16.7 et 16.8), la carte ce courantologie Partie II Fig. H.19 montrent bien le mouvement circulaire des eaux dans le Golfe dAigues Mortes. Partie II Etude dimpact H. analyse de létat initial : « Le peuplement de la zone Nord-Est pauvre et riche ( ?) en carnivores/nécrophages semble en revanche indiquer quil sagit dune zone naturelle daccumulation au sein de laquelle vient sédimenter la matière organique particulaire ainsi que des macro-fragments organiques, probablement portés par les courants de retour. Ces peuplements soumis à un fort enrichissement organique se trouvent à la rupture des équilibres naturels. » 1.11 La topographie et la bathymétrie de la zone présente quelques incohérences. Larticle H.1.2.4.1 : « Au niveau de la limite des trois milles, la bathymétrie indique une profondeur atteignant en général 30 à 40 m » comment se fait-il quà 11 km (environ 6 milles) nous ne soyons quà 30 m de profondeur. « Le profil bathymétrique jusquà (-15 m) à Palavas présente plusieurs crêtes » A la lecture du document jai limpression que cette étude a été réalisée alors que lémissaire était prévu beaucoup plus court et quune simple actualisation sans étude complémentaire sérieuse a été faite ensuite et incluse dans le dossier denquête publique. En labsence des documents de létude elle-même il est difficile dêtre bien renseigné. II Observations sur le fond Tout dabord je tiens à préciser que je suis particulièrement heureux que lAgglomération de Montpellier se préoccupe enfin de sa station dépuration, de la vie du Lez et des étangs palavasiens. Même si la solution de rejet dans le Lez me semble la meilleure pour trois raisons fondamentales : - Cette solution obligeait à un traitement optimum des effluents, dans létat des connaissances actuelles, qui assure ainsi un maximum de chance de rétablissement des grands équilibres de notre littoral. - Le rejet se faisant à terre à plusieurs kilomètres du rivage, la facilité de surveillance du bon fonctionnement de la station et la possibilité de prévoir des volumes tampons avec les étangs en cas de dysfonctionnement. - Le rétablissement dune circulation deau douce dans le Lez, même si pour des raisons sanitaires il faut rajouter de leau du Rhône en été, qui permet de se rapprocher un peu du fonctionnement naturel et de redonner au Lez et aux étangs le rôle ancestral de filtre et de tampon des eaux douces avant leur arrivée dans le Golfe. Cela étant dit, le rejet en mer des effluents après traitement peut-être une solution à condition quelle ne nuise pas à la faune et à la flore du Golfe dAigues Mortes et pour cela que les traitements aujourdhui techniquement possibles soient réalisés. La décision des élus a été prise au vu de trois postulats : - Le Rhône et ses eaux abreuvent le Golfe dAigues Mortes donc les comparaisons des niveaux de polluants sont à faire avec les eaux du Rhône. - Le Golfe dAigues Mortes est soumis au courant Liguro-provençal donc les effluents se disperseront au large - La mer Méditerranée est oligotrophe donc elle peut supporter sans problème des Nitrates et du Phosphore Et dun amalgame entre le Golfe du Lion et le Golfe dAigues Mortes. Le Golfe du Lion commence à lEst à la sortie du Grand Rhône et se termine à lOuest au Cap Creus à la frontière espagnole, le Golfe dAigues Mortes est la partie la plus septentrionale du Golfe du Lion et sétant depuis la Pointe de lEspiguette jusquà Vic la Gardiole environ. Une fois ces trois postulats posés, il sest agit de trouver le meilleur endroit dun point de vue uniquement sanitaire, même si pour limplantation de la canalisation il a été fait attention aux herbiers de posidonies, puisquil ny avait plus de problème environnementaux : loligotrophie du milieu, le courant Liguro-provençal et le Rhône étant la réponse à toutes les inquiétudes environnementales, la confusion entretenue entre le Golfe dAigues Mortes et le Golfe du Lion faisant le reste. II-1 Le Rhône et ses eaux abreuvent le Golfe dAigues Mortes. Je nai trouvé dans le dossier aucune preuve, aucun document scientifique, aucune référence prouvant cette affirmation. Ce postulat sert à justifier de linnocuité du déversement déléments polluants en regard de ceux que déversent le Rhône. Le petit Rhône sort en mer à plus de 30 km du point de rejet prévu, le grand Rhône lui sort à plus de 70 kms et à 15 km plus au Sud. Il faut donc un courant se dirigeant vers le Nord-Est pour que les eaux du Rhône arrivent dans notre Golfe et à cette distance il ne peut sagir que de quelques centimètres deau douce surnageant au dessus de leau salée. Les cartes figurant dans le dossier et montrant lévolution du panache des eaux du Rhône sont très explicites, les eaux du Rhône ne peuvent rentrer dans le Golfe dAigues Mortes que par vent de Sud et Sud-Est soit environ 20 % du temps, il y a donc à priori 80 % du temps ou ces eaux ne rentrent pas dans le Golfe dAigues Mortes (Voir cartes jointes extraites du dossier denquête publique en annexe). Sur les 20 % qui restent 15 % sont constitués par des vents faibles < 6m/s qui ont de plus des durées daction réduites, ce qui, comme le signale Thetis page 22 de son étude de courantologie, a pour conséquence de ne pouvoir inverser totalement la direction des courants des eaux du Rhône existants qui sont généralement de direction Sud-Ouest à Sud-Est donc leau du Rhône ne peut arriver dans notre Golfe. Sur les 5 % restant les vents sont forts, il sagit de ce que lon appelle localement les tempête dEst, les vents sont bien établis en direction Sud-Est (150°), ils amènent avec eux de fortes précipitations. Notre Golfe dAigues Mortes est alors envahi par les eaux des fleuves littoraux : Le Vistre, le Rhôny, le Vidourle, le Lez, la Mosson et la vidange des étangs de Mauguio, de Pérols, de lArnel, de Vic. Il reçoit certainement plus de 1 500 m3/s, soit pendant la dizaine dheures que peut compter un tel épisode pluvieux environ 54 millions de m3. La place restant pour les eaux du Rhône doit être vraiment faible si elle nest pas inexistante. La pollution amenée par le rejet de la station doit sestimer et sévaluer pour ce quelle est, une pollution non négligeable pour les métaux lourds puisquelle représente entre 20 et 50 % du « bruit de fond » de la Méditerranée, avec la différence que dans le cas du rejet il sagit dune pollution permanente dont les éléments vont saccumuler au fil du temps. Lexcuse des eaux du Rhône ne devrait pas être invoquée. II-2 Le Golfe dAigues Mortes est soumis au courant Liguro-provençal donc les effluents se disperseront au large. Je nai trouvé dans le dossier aucune preuve, aucun document scientifique, aucune référence prouvant cette affirmation. Ce postulat sert à justifier de linnocuité du déversement déléments polluants en regard du renouvellement des eaux liés à ce courant. Les seules preuves apportées concernent la présence du courant Liguro-provençal en bordure du Golfe du Lion c'est-à-dire à presque 200 km de nos cotes. (voir page 18 et 19 de létude consacré au panache des eaux du Rhône) Et la page 54 de lEtude dimpact de létat initial H.1.4.2.4. où lon nous affirme « Les courants généraux, principalement représentés par le courant Liguro-provençal qui pénètre dans la moitié Nord-Est du Golfe du Lion en longeant la côte. La circulation générale dans la couche de surface est dans lensemble variable. Celle-ci est en revanche bien définie dans la couche profonde
» Bien entendu cette affirmation est invérifiable puisque nous navons pas accés aux études IFREMER et IARE, étude BCEOM et IFREMER desquelles ces conclusions sont censées provenir. Ces indications sont de plus totalement inutilisables puisque lépaisseur de la couche de surface et de la couche profonde ne sont pas déterminées Le courant Ligure est un courant dorientation générale Est-Nord-Est, Ouest-Sud-Ouest, il vient dItalie (Ligurie), passe entre la Corse et le Continent, longe la côte provençale puis, repoussé par le delta du Rhône, se dirige vers la côte espagnole aux environs de Palamos puis il passe entre Barcelone et les îles Baléares. Pour ce qui est de la courantologie du Golfe dAigues Mortes vous trouverez en annexe une carte daprès Alain, 1960, des copies de létude BRL, 1996, létude de courantologie réalisée par CREOCEAN, 2004 et la modélisation des panaches de rejet. Les études de courantologie menées à la demande du Maître dOuvrage ne sont pas des études de courantologie du Golfe dAigues Mortes mais des études de « dispersion des futurs effluents », il y a eu un seul point de mesure entre Mars et Novembre et seulement sur sept mois puisque lappareil na pas fonctionné pendant environ un mois pour des raisons techniques. Les résultats sont quen même édifiants, ces études prouvent que les courants sont faibles, quils varient en fonction des vents même si quelquefois ils sont influencés par une mystérieuse « circulation générale dans la partie nord occidentale de la méditerranée », que la dispersion des effluents si elle ne touche pas directement les zones de baignade et les zones conchylicoles, se fait exclusivement lentement et à lintérieur du Golfe dAigues Mortes, quentre la surface et le fond les courants sont les mêmes avec une légère atténuation de lintensité vers le fond. Ce qui contredit les affirmations de la page 54 de létude dimpact. Pour conclure, les courants à lintérieur du Golfe dAigues Mortes sont très faibles et variables, on peut cependant déceler une légère prédominance dEst en Ouest à 6 milles des cotes et dOuest en Est le long de celle-ci avec un changement de direction des masses deau au niveau de Sète dune part et au niveau de lEspiguette dautre part. Cette circulation est figurée sur une carte jointe. II-3 La mer Méditerranée est oligotrophe donc elle peut supporter sans problème des Nitrates et du Phosphore. Je nai trouvé dans le dossier aucune preuve, aucun document scientifique, aucune référence prouvant cette affirmation. Ce postulat sert à justifier de linnocuité du déversement de tonnes de Nitrates et de Phosphore dans le Golfe. Je pourrai en paraphrasant les auteurs du rapport du Conseil Départemental dHygiène dire : « Loligotrophie de la Méditerranée est fondée en grande partie sur des articles scientifiques datant dune trentaine dannée : à lépoque les stratégies déchantillonnage nétaient pas bonnes, depuis que les méthodes se sont affinées cette notion dappauvrissement de la Méditerranée a été abandonnée ». Vous pouvez lire pour cela les articles de Cruzado, 1984 , Estrada et al., 1984 , Margalef, 1984 , Jacques, 1989 , Bellan-Santini et al., 1994. Vous pouvez simplement lire le rapport sur létat initial du site réalisé par CREOCEAN : - Page 1 Introduction : « les peuplements benthiques de substrat meuble sont particulièrement abondants » - Page 32 Biomasse totale : « La biomasse totale fluctue selon la station entre 3,6 et 19 g/m_ (en poids sec), la moyenne étant de 11,4 g/m_. Ces valeurs sont hétérogènes et correspondent à des biomasses moyennes à élevées
. Comme pour la densité totale la biomasse totale a doublée depuis 93 » Pour ses mesures CREOCEAN a commis cependant des erreurs qui conduisent à minimiser ces résultats : le prélèvement à la benne Van Veen de 0,1m_ sur fond meuble ne permet pas de prendre en compte les macro-organismes dont la densité est très inférieure à 1/m_ mais dont la masse est très importante (Murex brandaris, Pecten jacobeus, Ostrea edulis pour ne citer que des mollusques) et le tamisage avec une maille de 1mm conduit à la perte de tout ce qui a moins de 1 mm dans une de ses dimensions (micro-bivalves, eulimidés, pyramidellidae toujours pour les mollusques), pour les fonds durs les méthodes de récolte à vue ne sont pas adaptées et la pauvreté des récoltes de mollusques est criante. Jai joint en annexe linventaire des Mollusques marins du Golfe que jai réalisé et qui est encore en cours détudes vous pourrez voir combien notre Golfe est riche. Pour conclure : Le Golfe dAigues Mortes nest pas oligotrophe, la circulation globale des eaux est des plus réduite, le nettoyage par les eaux du Rhône est sujet à discussion, les polluants divers vont donc se concentrer au fil du temps et en particulier dans le fond Est du Golfe devant La Grande Motte Le Grau du Roi où les risques deutrophisation sont déjà importants. Si pour certains polluants la technique ne permet pas un traitement approprié il convient de suivre de prés lévolution du milieu récepteur ce qui semble être prévu. Pour lAzote et le Phosphore dont les effets sont bien connus et se font déjà sentir sur notre littoral, le traitement délimination, techniquement possible, doit être réalisé par l Agglomération de Montpellier. La station de traitement est indispensable, le rejet en mer peut être acceptable à condition que le niveau du rejet soit relevé au niveau f plus NGL2, NPT2 et NK3., si votre avis est favorable je vous demande de lassortir de conditions expresses de traitement de lAzote et du Phosphore qui garantiront à nos enfants et petits enfants la possibilité de continuer de se baigner et de manger des coquillages du Golfe dAigues Mortes. Vous souhaitant bonne réception de la présente recevoir, Messieurs, lexpression de mes salutations distinguées. Jacques PELORCE Copie : Mr le Maire du Grau du Roi