Vive le renard libre dans le poulailler libre !

Publié le par Georges Fandos

Telle pourrait être la devise du gouvernement (attribuée à Henri  Lacordaire) au vu de sa façon de conduire les opérations face à la crise agricole. Car comment se résume la réponse gouvernementale à la revendication principale des agriculteurs qui porte sur le revenu ?

« Allez les agriculteurs, on vous laisse négocier des prix de vos denrées dans le cadre de la loi Egalim, face aux centrales d’achat des grandes et moyennes surfaces et aux industriels de l’agroalimentaire, et que le meilleur gagne ! Et puis, si c’est trop flagrant que certains ne jouent pas le jeu on pourrait sévir pour l’exemple !»

Or il est évident que le rapport de force de ces négociations étant très déséquilibré entre des producteurs même regroupés et les géants de la distribution, les dès sont pipés. En effet les principales centrales d’achat (dont 4 très grosses) et les plus importantes firmes Agro alimentaires représentent plus de 80 % des achats alimentaires, et en face d’eux ils ont une multitude d’agriculteurs ou de coopératives de production qu’on interdit de se regrouper au nom de la concurrence ! C’est à ce sujet deux poids deux mesures !

En toute logique (de marché) les accords les prix obtenus par les producteurs dans ce cadre très déséquilibré sont faibles, voire inférieurs aux coûts de production. C’est en particulier le cas pour les bovins et ovins viande et lait, les fruits et légumes, et la viticulture.

Il est donc paradoxal que la loi Egalim interdise aux centrales d’achat et aux agro-industriels de vendre à perte, mais qu’on l’accepte pour les agriculteurs !

Pourtant des le départ Christiane Lambert de la FNSEA, et le rapport du Sénat d’octobre 2019  constataient amèrement l’iniquité de la loi Egalim.

Les loi Egalim 2 et 3 n’ont fait que rajouter des règles de plus en plus complexes sans rien résoudre comme le reconnaissait dernièrement le député Renaissance Frédéric Descrozaille, porteur de Egalim3 !

Il est évident que seul, la fixation de prix plancher correspondants aux coûts de production est de nature à rémunérer correctement le travail des paysans*. C’est ainsi qu’a fonctionné la PAC au départ avec des prix d’intervention sur certains produits importants (lait, céréales…). Il faut le rappeler à certains qui ont la mémoire courte ! Il faut en même temps tirer les leçons de cette première PAC qui a conduit à des excès de production, car la garantie portait aussi sur les quantités, or c est au marché de réguler les quantités pour éviter la surproduction. Donc la règle doit uniquement porter sur les prix non sur des quotas de production comme dans le passé.

 

Espérons donc que le bon sens l’emporte et que l’on puisse maintenir le maximum d’agriculteurs et qu’ils puissent vivre de leurs activités. Tout le monde y gagnera pour la préservation de nos terroirs, de notre nourriture de qualité, de nos paysages et de la biodiversité…et de nos paysans !

 

 

*Autre devise de Lacordaire « c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » qui est à méditer par les temps qui courent face à ceux (technocrates ultra libéraux et ayatollahs européens ou de Bercy, de la sainte concurrence libre et non faussée) qui ne veulent aucune règle face aux déséquilibres des marchés, et pour qui l’idée même de prix plancher relève de l’hérésie.

 

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